Pourquoi faucher les bords de route ?
Le fauchage des bords de route permet de dégager la visibilité dans les courbes, les carrefours et au droit de la signalisation. Il permet une bonne lecture des accotements lors de manœuvres au cours du stationnement. Le fauchage permet d’éviter que l’herbe ne déborde sur la route et que la chaussée ne devienne glissante. Il permet aussi l’accès et la surveillance des ouvrages routiers (murs, ponts, caniveaux, regards). Enfin, il permet de limiter la prolifération d’espèces végétales indésirables ou invasives. Le fauchage est indispensable au bon fonctionnement de la collecte et de l’évacuation des eaux pluviales dans les fossés.
Pourquoi adapter les pratiques de fauche ?
Les bords de route accueillent une diversité importante de plantes sauvages et de fleurs messicoles (coquelicots, boutons d'or, mélampyres, centaurées, etc.) qui constituent des ressources indispensables aux pollinisateurs dans des paysages où les espaces agricoles sont encore trop peu accueillants. Ainsi, abeilles, bourdons, papillons, coléoptères, syrphes, diptères, hyménoptères y trouvent refuge et nourriture. Le fauchage adapté consiste à décaler le passage de coupe après l’été afin de permettre aux plantes d’achever leur cycle biologique et donc d’offrir aux pollinisateurs des fleurs variées tout au long de l’année.
La fauche tardive un double enjeu environnemental… et économique !
Les pollinisateurs sont en déclin…
Des études de plus en plus nombreuses montrent malheureusement l'effondrement des populations d'insectes, que ce soit les abeilles mellifères ou les autres espèces sauvages. Une étude signale que la biomasse des insectes volants a diminué de plus de 75 % en moins de 30 ans alors que plus de 80 % des plantes à fleurs, sauvages ou cultivées, dépendent de la pollinisation par les insectes*.
La pollinisation animale assure 5% à 8 % de la production agricole mondiale actuelle**.
Plus de 70 % des cultures (dont presque tous les fruitiers, légumes, oléagineux et protéagineux...) soit 35% du tonnage de ce que nous mangeons, dépend fortement ou totalement d'une pollinisation animale***.
Ils contribuent aussi directement à de nombreuses activités économiques dérivées (médicaments, textiles, filière bois, etc.).
Les références… à lire !
* Hallmann, C.A., et al., More than 75 percent decline over 27 years in total flying insect biomass in protected areas, PLOS ONE, 2017
** IPBES (2016) : Résumé à l’intention des décideurs du rapport d’évaluation concernant les pollinisateurs, la pollinisation et la production alimentaire)
*** Rencontre avec les pollinisateurs, MEDDE, édition mai 2015
Quel mode opératoire pour faire évoluer les pratiques de fauche ?
Premier passage = fauche de printemps : avant le 30 juin
Mesures générales :
- Relever la hauteur de coupe à 15 cm du sol environ
- Ajuster la largeur de la bande de sécurité selon le contexte :
- Secteurs forestiers : pas de passage si la hauteur de végétation < 40 cm / si la hauteur de végétation > 40 cm : fauche sur 50 cm de large
- Secteurs non forestiers : élargissement possible de la bande de sécurité si la hauteur de végétation est > 40 cm ou en bordure de champs.
- Fauchage « sans contrainte » dans les secteurs où il y a un besoin accru de visibilité : intersections, virages intérieurs et autres zones jugées dangereuses par le chauffeur.
Deuxième passage = fauche d'hiver : après le 30 septembre
- Application des mêmes mesures, avec extension sur certains secteurs (bords de champs…).
- En bordure de forêt et de prairies, où l'herbe pousse moins, ne faucher qu'une année sur deux ou tous les 3 ans maximum.
Le Parc national de forêts est un territoire reconnu comme exceptionnel pour la richesse de sa biodiversité, la qualité de ses paysages et pour son patrimoine culturel. Les habitats naturels des bords de route font partie intégrante du patrimoine écologique du territoire et méritent d'être valorisés et préservés. Visibles par tous au quotidien, ils constituent des vitrines représentatives de la biodiversité. Cet intérêt spécial est partagé par la communauté de communes Auberive-Vingeanne-Montsaugeonnais et par le Conservatoire d’espaces naturels de Champagne-Ardenne.
Ensemble, ils ont choisi d'expérimenter dès l'année 2021 la mise en place de nouvelles pratiques en faveur de la biodiversité des bords de route, et notamment de ses pollinisateurs.
Ces pratiques visent en particulier à offrir davantage de fleurs tout au long de l'année. Un bilan sera fait annuellement pour ajuster la gestion et améliorer cette biodiversité sans compromission par rapport aux enjeux de sécurité.
S’agissant d’une phase d’expérimentale pour trouver les pratiques les plus adaptées, nous serons particulièrement à l'écoute d'enjeux ponctuels (préservation des patrimoines, sécurité) qui ne seraient pas suffisamment pris en compte dans les pratiques de gestion.
Pour toute question ou remarque relative à cette initiative, vous pouvez contacter :
La communauté de communes Auberive - Vingeanne - Montsaugeonnais
03 25 87 31 04 - ccavm@cacvm.fr
Le Conservatoire d'espaces naturels de Champagne-Ardenne
03 25 80 50 50 - secretariat@cen-champagne-ardenne.org
Le Parc national de forêts : Pôle connaissance et patrimoines
03 25 31 62 35 - secretariat@forets-parcnational.fr