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À l’occasion de la journée internationale des forêts, le 21 mars 2025, le Parc national de forêts met en ligne une première série de données et d’informations relatives aux forêts de son territoire. Ces données accessibles au grand public seront enrichies et mises à jour régulièrement dans une perspective d’amélioration continue.
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Les forêts anciennes du Parc national de forêts et leur extraordinaire préservation ont valu le classement en Parc national de ce territoire d’exception à cheval entre Côte-d’Or et Haute-Marne. Il s’agit du plus haut niveau de protection dont peut bénéficier un territoire. Ce territoire d’exception est caractérisé par sa forte couverture forestière, ses forêts anciennes, sa grande diversité d’essences forestières et par l’importance de ses forêts publiques. Pour mieux valoriser la connaissance de son territoire, l’unique Parc national français dédié aux forêts feuillues de plaine se dote d’un nouvel outil en ligne : l’observatoire des forêts. Nous vous proposons de découvrir ce projet qui dévoilera tous les secrets des forêts du Parc national de forêts.

Tour d’horizon des forêts : que sont-elles ?

Selon les botanistes, un arbre doit remplir quatre conditions : « Hauteur, présence de bois, tronc unique et longévité ». C’est une plante à croissance pérenne pouvant vivre plusieurs décennies, voire plusieurs siècles. Il se compose de racines qui l’ancrent dans le sol et puisent eau et nutriments, d’un tronc qui assure la circulation de la sève, et d’un houppier (ensemble des branches et du feuillage) qui capte l’énergie du soleil grâce à la photosynthèse. D’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), une plante est considérée comme un arbre lorsqu’elle atteint une hauteur minimale à maturité de 5 m. Il se différencie des autres plantes par la fabrication de tissus ligneux épais et rigides, à savoir le bois. Chaque arbre est un écosystème miniature à lui seul : sous son écorce, dans ses branches et ses racines, cohabitent insectes, oiseaux, mammifères et champignons, qui dépendent de lui pour se nourrir, s’abriter ou se reproduire.

 

Cependant, un arbre seul ne fait pas une forêt. Celle-ci se définit par une surface et une densité minimale. Toujours selon la FAO, une forêt peut être définie comme telle si elle occupe plus de 0,5 hectare avec une couverture arborée supérieure à 10 %.

Il est crucial de comprendre qu’une forêt ne se résume pas simplement à un ensemble d’arbres : c’est un écosystème complexe où chaque élément interagit avec les autres. Elle est constituée non seulement d’arbres, arbustes et arbrisseaux, mais offre aussi gîte et couvert à une multitude d’espèces animales et végétales. Insectes, oiseaux, mammifères, champignons et lichens participent activement à l’équilibre des forêts et de leur sol. Une forêt peut s’étendre sur quelques hectares ou couvrir des milliers d’hectares, et joue un rôle crucial dans la régulation du climat, la séquestration et le stockage du carbone, le cycle de l’eau et la protection contre l’érosion des sols.

Les forêts sont la raison d’être du Parc national de forêts, couvrant 53 % de son territoire (plus de 128 207 hectares, dont 53 676 hectares en Coeur). Elles sont constituées de 84 % de feuillus (hêtre, chênes, charme, érables, merisier, tilleuls, ...) et de 5 % de résineux (épicéa, pin sylvestre, pin noir...).

Ces forêts se caractérisent par des écosystèmes typiques des forêts de plaine sur plateaux calcaires. Grâce à une histoire forestière variée et à d’autres facteurs tels que l’altitude, l’exposition, la nature des sols, les microclimats et les modes de gestion passés et actuels, ces forêts présentent une remarquable diversité de faciès et abritent une biodiversité exceptionnelle.

Cependant, ces espaces naturels sont confrontés à des défis croissants liés aux changements climatiques : augmentation des températures, sécheresses intenses et récurrentes, modification du régime des précipitations, prolifération de maladies ou d’espèces invasives... Les forêts du Parc national de forêts constituent un écosystème d’exception jouant un rôle clé dans la régulation du climat, la préservation des sols et la conservation de la biodiversité. Face aux diverses pressions environnementales actuelles, leur protection et leur surveillance sont plus que jamais indispensables.

 

Les forêts du Parc national bénéficient d’une gestion différente à l’échelle nationale

Le Parc national de forêts est l’un des rares espaces de plaine en France à bénéficier d’un tel statut de protection. Il abrite une biodiversité exceptionnelle avec une grande variété d'espèces animales et végétales. On y trouve des espèces protégées telles que le chat forestier, la cigogne noire, ou encore des plantes rares comme le Sabot de vénus. Cette richesse biologique s’explique par la diversité des habitats naturels du Parc national, qui vont des forêts anciennes aux prairies humides, favorisant une mosaïque écologique remarquable.

Les forêts du Parc national bénéficient ainsi d’un statut de protection renforcé imposé par sa charte, avec une réglementation plus stricte que dans les forêts domaniales ou privées classiques. Le Parc national est divisé en plusieurs zones aux niveaux de protection différenciés afin de préserver au mieux ce patrimoine naturel : le « Coeur » où la protection de l’environnement est prioritaire (avec des réglementations spécifiques) et l’aire d’adhésion, où les communes partenaires s’engagent à respecter les orientations du Parc national de forêts tout en poursuivant leurs activités économiques et sociales.

Le Coeur du Parc national de forêts est une zone représentative des caractéristiques du territoire qui totalise 56 614 1ha et s’étend sur 60 communes. Il est à 95 % forestier et constitué en grande partie de forêts publiques (domaniales ou communales). Accessible à tous, le Coeur du Parc national de forêts bénéficie d’une réglementation spécifique sur son usage et sa gestion, en cohérence avec les enjeux de protection du territoire. La gestion des forêts dans le Coeur vise à concilier préservation des écosystèmes et utilisation durable des ressources.

Ainsi, les coupes forestières, lorsqu’elles sont autorisées, doivent répondre à des critères écologiques stricts, avec notamment des restrictions sur l’usage des engins et sur les périodes d’interventions. La gestion sylvicole appliquée dans le Coeur du Parc cherche à renforcer la résilience des écosystèmes forestiers face aux aléas climatiques. Pour cela, elle repose sur plusieurs principes fondamentaux :

– Favoriser la régénération naturelle
– Maintenir un mélange d’arbres diversifiés (au niveau des essences et des classes d’âges)
– Privilégier les essences autochtones dans nos forêts issues de la régénération naturelle
– Protéger les sols
– Préserver le bois mort et les vieux arbres
– Promouvoir les arbres-habitats
– Protéger la biodiversité forestière pour permettre une meilleure résilience.

 

La Charte prévoit des mesures concrètes, comme la mise en place d’îlots de vieillissement et d’îlots de sénescence dans les forêts domaniales. Concrètement, 7 % de la surface doit être consacrée à des zones où les arbres sont laissés pousser au-delà de leur diamètre d’exploitation habituel (i.e. îlots de vieillissement), et 5 % à des zones non exploitées (îlots de sénescence). Ces mesures sont essentielles, car deux tiers des espèces forestières ne sont présentes qu’après l’âge d’exploitabilité économique des arbres, notamment dans les très gros bois, les arbres sénescents ou à cavités.

La Charte impose également de conserver 8 « arbres bio » minimum par hectare en forêt domaniale en Coeur, contre 3 préconisés généralement au niveau national. Aussi appelés « arbres-habitats » et identifiables grâce à un marquage par un triangle bleu, ces arbres ont une haute valeur biologique car ils abritent de nombreux micro-habitats (trous de pics, bryophytes, fentes pour chauves-souris, etc.) essentiels à la biodiversité forestière.


Le bois mort est un allié de poids pour favoriser la biodiversité car une espèce forestière sur quatre en a besoin pour tout ou une partie de son cycle de vie : pour son alimentation, sa reproduction et/ou son hébergement. Il est donc important, dans les forêts du Coeur du Parc national, de pouvoir raisonnablement favoriser la présence de bois mort et de gros bois, trop peu présents et pourtant fondamentaux.

Dans certaines zones spécifiques – comme la réserve intégrale d’Arc-Châteauvillain ou encore les réserves biologiques intégrales gérées par l’Office national des forêts (ONF) – la forêt est laissée en libre évolution sans aucune exploitation du bois. D’une superficie de 3086 hectares, la Réserve intégrale forestière du Parc national de forêts est la plus vaste de France métropolitaine. Sa création, officialisée par décret le 10 décembre 2021, s’inscrit dans la stratégie nationale des aires protégées (SNAP), qui vise à placer 10 % du territoire français sous protection forte. Le périmètre de cette Réserve intégrale forestière se situe ainsi en Haute-Marne, sur les communes d’Arc-en-Barrois, de Châteauvillain, de Cour-L’Evêque et de Richebourg. La Réserve intégrale est directement gérée par l’établissement public Parc national de forêts. La réglementation spéciale qui s’applique à une Réserve intégrale de coeur de parc national, plus exigeante que la réglementation générale du Coeur, est établie pour limiter durablement l’action humaine sur les écosystèmes, permettant ici l’observation scientifique de forêts en libre évolution. L’exploitation sylvicole a ainsi été arrêtée dès 2019 dans cet espace. La Réserve intégrale va, d’une part permettre le suivi à long terme de l’évolution naturelle de la forêt et, d’autre part, l’observation des effets des changements climatiques sur l’écosystème forestier.

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Pour améliorer la connaissance et la protection des forêts, « L’observatoire des forêts » vient de voir le jour !

Face à l'accélération des changements globaux et des pressions croissantes sur les forêts, les questions relatives à l'avenir et au renouvellement des peuplements forestiers suscitent de plus en plus de débats parmi les usagers et les acteurs de la forêt. Ces écosystèmes sont confrontés à des menaces multiples telles que le changement climatique, les épidémies, la pression des grands ongulés sauvages, les sécheresses et les incendies. L’érosion de la biodiversité et la dégradation des écosystèmes compromettent désormais de nombreux services écosystémiques essentiels rendus par les forêts. L’enjeu majeur est d’assurer la pérennité des écosystèmes forestiers tout en conciliant conservation, exploitation durable et adaptation aux nouvelles conditions environnementales. Cela passe par une meilleure compréhension des dynamiques forestières, un suivi rigoureux des menaces et une évaluation continue des politiques publiques pour ajuster les stratégies de gestion.

La création de l'Observatoire de la forêt au sein du Parc national de forêts vise à répondre à ces enjeux en fournissant un outil précieux de suivi, d’analyse et de diffusion des connaissances sur l’évolution des écosystèmes forestiers. Il favorisera les échanges d’informations, la mutualisation et la valorisation des données, tout en stimulant la synergie entre les différents acteurs de la filière forêt-bois du territoire. Cet observatoire s’adresse à un large public : chercheurs, gestionnaires forestiers, élus, propriétaires forestiers, citoyens et scolaires. Il constitue un espace de dialogue et de coopération entre les différents acteurs de la filière forêt-bois du territoire. Il a donc pour vocation de mieux comprendre, surveiller et préserver les écosystèmes forestiers et la biodiversité, tout en soutenant des décisions éclairées et durables face aux défis globaux. Il contribuera ainsi à la gestion durable des forêts et à la mise en oeuvre et à l’évaluation de la Charte 2019-2034 du Parc national de forêts.

Ses objectifs se déclinent en cinq axes complémentaires et interdépendants :

Rassembler, améliorer et partager les connaissances : Collecter, centraliser, produire et diffuser des informations précises sur l’état de conservation et de santé des forêts, ainsi que sur la biodiversité du Parc national. Ces informations destinées au grand public et à tous les acteurs de la forêt (gestionnaires, scientifiques, collectivités, citoyens), visent à mieux appréhender les socio-écosystèmes forestiers du territoire et favoriser leur gestion durable
– Suivre les menaces et pressions : Identifier les menaces pesant sur les écosystèmes forestiers du territoire, en surveillant leur impact sur la biodiversité et la résilience des forêts face à ces défis
– Aider à la prise de décision : Fournir des données robustes et des analyses pertinentes, à travers des indicateurs, pour soutenir les acteurs publics et privés dans la gestion durable des forêts et la préservation de la biodiversité
– Suivre les politiques publiques : Évaluer l’efficacité des politiques et pratiques forestières en place, mesurer l’évolution des écosystèmes forestiers et adapter les stratégies de gestion aux enjeux environnementaux actuels
– Sensibiliser et transmettre des connaissances : Vulgariser les informations acquises afin de sensibiliser les différents publics (professionnels, propriétaires, élus, citoyens) aux enjeux écologiques et forestiers du territoire.

L’observatoire reposera sur un ensemble d’indicateurs permettant d’évaluer la biodiversité présente, l'état de conservation des milieux naturels, les actions mises en oeuvre sur le territoire, ainsi que les pressions exercées sur les écosystèmes forestiers.

L’ensemble des informations et des résultats de l’Observatoire seront disponibles sur un site web dédié, permettant à chacun d’accéder aux données et analyses sur les forêts du Parc national. À retrouver en ligne le 21 mars 2025.


Source URL: https://www3.forets-parcnational.fr/actualites/journee-internationale-des-forets-le-parc-national-lance-son-observatoire-des-forets-le